Article 4: Dîner aux challenges

     L'heure du dîner approchant dangereusement, Fey nous amène au restaurant. Premier test: le challenge des baguettes. J'ai déjà mangé dans des restaurants Asiatiques et je considère me débrouiller plutôt bien avec des baguettes. Mais ça, c'était avant. Sûrement une simple illusion due à mon optimisme exceptionnel, parce que, apparemment, les natifs ne sont pas de cet avis. Cela ne fait que quelques minutes que nous sommes servies, et déjà on m'apporte une fourchette. Si je voulais me fondre dans la foule, pour commencer mon apparence n'aide pas beaucoup, mais en plus, au restaurant, on me fait bien remarquer que... c'est raté. Bien entendu, je ne le prends pas mal: ”Merci beaucoup, mais je n'en ai pas besoin,” un sourire, évidemment elle ne comprend rien et s'en va; c'est bien la peine de parler en Anglais... Je fais remarquer mon échec à Fey (ça en fait trois en seulement quatre heures, si vous comptez bien), elle rit et mon entêtement s'empare de la fourchette qu'il pose un peu plus loin avant de reprendre les deux morceaux de bois.

    Un peu plus tard, voyant que je ne semble pas progresser, la même serveuse m'amène une cuillère à soupe. On sait jamais, des fois que je n'ai pas utilisé la fourchette parce que je ne savais pas m'en servir non plus... C'est bien, elle est prévoyante. Ça nous fait donc un quatrième échec, toujours en quatre heures... Plus que six mois. Bien entendu, toujours pareil: ”Merci, mais je n'en ai pas besoin,” le sourire, apparemment toujours pas, elle s'en va, et mon entêtement s'empare de la cuillère qu'il pose un peu plus loin avant de reprendre les deux morceaux de bois maudits.

     Maintenant, que je vous ai raconté l'épreuve des baguettes, venons-en à ce qui se trouve sur la table. Je ne vous dirai rien sur ce qui glisse quand on tente de l'attraper, ni de ce qui est trop gros et qu'on ne sait comment manger, le pire étant, bien évidemment, ce qui est trop gros et qui en plus glisse. Mais ne parlons pas des choses qui fâchent. Je serais bien incapable de vous faire une description détaillée de ce qu'il y a sur la table, Fey non plus d'ailleurs  : quand ma timidité réussit à lui demander le nom d'un plat, elle est incapable de répondre. Tout ce que vous serez donc en mesure de savoir, c'est la façon dont tous ces plats, plus savoureux les uns que les autres, sont disposés. Il ne s'agit pas, comme chez nous, d'un service à l'assiette. En arrivant, vous trouvez sur la table un bol, une assiette à hors d’œuvres, un verre, une cuillère et, sur un repose baguettes, les fameux instruments de torture. Et le tout en porcelaine, sauf les deux merveilleux bouts de bois, bien sûr, dont je vous laisse deviner la matière. Les plats sont posés au milieu de la table, et chacun se sert au fur et à mesure, à sa guise, à l'aide de ses baguettes. À la fin du repas, vous pouvez emporter vos restes, ce qui paraît assez logique dans la mesure où, premièrement, vous l'avez payé, et deuxièmement, si vous ne le prenez pas, ça prendra la direction de la poubelle (du moins en France, je ne suis pas convaincue de la rigueur des Chinois en ce qui concerne l'hygiène).

Le choc du jour: Pour la première fois de ma vie, en ce jour qu'est le Jeudi 16 Avril 2015, j'ai bu (accrochez-vous bien) de l'eau chaude. Non, pas du thé, mais bel et bien de l'eau chaude. C'était juste au cas où je me sois pas rendue compte toute seule que j'étais en Chine: j'ai eu droit à la petite signature. Heureusement, j'avais été prévenue, et n'ai donc pas été prise au dépourvu: merci petit frère. Cette expérience nouvelle m'a appris bien des choses sur la vie, comme par exemple, le fait qu'il ne faut jamais se fier à ses propres préjugés. Je pensais vraiment que j'allais mal le vivre, mais en réalité, c'était pas si terrible que ça. Elle était très légèrement citronnée et je pense que le fait que la perspective d'y goûter m'ait hantée pendant plus d'un mois m'a aidée: je m'attendais à pire.

Comments

[Sam]

Mon Dieu, Lilly, j'étais inquiète de ne pas avoir de nouvelles depuis ton départ...



Je vois que tu t'adaptes plutôt bien dans ton pays d'accueil malgré la barrière de la culture, de la langue (et des baguettes...oui parce que les baguettes pour les novices et bah ce n'est pas cool...). Je pense que je vais suivre tes aventures pékinoises avec une attention toute particulière et je dois déjà dire que tes articles sont vraiment géniaux à lire (et hilarants...et...et ouais super bien écrits quoi). Tu as intérêt à revenir quadrilingue à l'issu de ces six mois (anglais, anglais chelou [AusEng], chinois (ou mandarin...et ce n'est pas le masculin de mandarine...non mais on ne sait jamais avec ton débit de "stupidité" à la seconde...ou alors mon débit...) et français). Et puis, reviens en sachant faire des rouleaux de printemps et des nems, tu seras gentille. La bouffe asiatique, c'est sacré !



Bisous bisous ma belle et à bientôt.



Sam.



xx