Article 9: Une nuit à Beijing

     Nous arrivons à ma partie préférée. Le top du top, vraiment, on peut difficilement faire mieux. Vous savez tous ce que ça fait de se retrouver au milieu de quelques dizaines de personnes que vous ne connaissez pas et qui se connaissent toutes? Bien. Maintenant, essayez d'imaginer qu'en plus de cela vous ne comprenez absolument rien de ce qu'ils disent et n'êtes pas non plus en mesure de leur parler. Ça fait peur, hein? Autant vous dire que j'ai passé une excellente soirée...

     Le repas terminé, nous allons chez les parents de Fey où son père me baragouine quelques mots à peine compréhensibles avant de me dire ”Je parle un petit peu Anglais”. Ah oui, un petit peu, c'est ça, en effet, y'a pas d'erreur. Déjà que je trouvais qu'Alex avait un accent qui laissait à désirer, là c'est le comble. J'avais entendu parler de l'accent douteux des Chinois, et je peux vous assurer que je n'en doute plus.

     Rassurez-vous, il ne s'agissait là que d'une petite anecdote sans importance. Nous en venons à la cerise sur le gâteau. Vous vous rappelez que nous sommes chez les parents de Fey? Ils ont beau habiter à Pékin tout comme nous, ils sont quand même à une heure de route, peut-être un peu plus. Imaginez ma surprise lorsque Fey me montre ma chambre. Quand elle m'a dit que nous mangions avec sa mère, elle aurait pu s'étendre un peu plus sur le sujet en m'informant que nous dormions chez elle. Elle a peut-être pensé m'avoir prévenue, seulement non... Heureusement, Mary Poppins est prévoyante, mon sac contient des sous-vêtements et une petite brosse à dents rose accompagnée de son inséparable dentifrice. Je tiens à préciser que n'ayant pas conscience du fait que l'on ne rentrerait pas, j'ai laissé mon téléphone portable, qui était déchargé, et mon ordinateur à l'appartement. Qui a dit que les jeunes d'aujourd'hui étaient incapables de survivre sans leur ”pratique technologie moderne”*?

     Ne me sentant pas à l'aise au milieu de cette famille avec laquelle, quoi qu'il en soit, je ne pouvais pas communiquer, je demande du papier à Fey. Je vais dans ma chambre, prend mon stylo signé Ateliers de la Haute Garonne** et vous écris quelques uns des articles qui précèdent. Ne suis-je pas un ange de penser à vous même dans les moments les plus sombres? Ce qui va être très drôle, c'est de le taper à l'ordinateur ensuite... Autant dire qu'il ne me tarde pas du tout...

*Brett Montgomery (Marc Labrèche), Le Cœur a ses raisons.

**Un peu de pub, ça fait pas de mal, c'est gratuit. Ça sert à dire ”merci” parce que sans ce magnifique stylo, j'ignore ce que j'aurais fait de ma soirée. (Même si je doute que vous ayez besoin de rivets d'avion et eux de vous comme clients...)