Article 12: "Je l'ai vécu ça" *

     Toujours le Samedi 18 et toujours sur le chemin du retour, j'y ai enfin eu droit: le caprice insupportable de l'enfant roi pourri-gâté. Elle s'est mise à hurler sans raison aucune, elle se tortillait dans tous les sens, impossible de la faire asseoir correctement. Donc premièrement, elle ne met pas sa ceinture comme il faut, elle en passe la moitié derrière elle (la moitié la plus importante, je dirais, celle qui va l'empêcher d'aller s'écraser contre le siège avant en cas de choc), et deuxièmement, elle essaye de l'enlever, plie ses jambes et se met dos à la route, ce qui est idéal si l'on souhaite faire carrément un vol plané en cas d'accident.

      Je vous ai déjà parlé de la façon de conduire des Pékinois. Autant vous dire qu'on a environ une chance sur deux de jouer aux autos-tamponneuses dès qu'on prend la voiture, et que Ginny passe à coups sûr à travers le pare-brise si elle ne s'installe pas correctement... Mais à part ça tout va bien. Je lui dis de s'asseoir comme il faut environ un demi milliers de fois avant que sa mère ne réagisse. La première réaction n'étant pas la réaction attendue: "Julie, je crois qu'elle est fatiguée." OK, elle est fatiguée, c'est bien, je suis contente pour elle; sauf que dans l'état actuel des choses, si on a un accident, ta fille, elle va le sentir passer... Bien évidemment, je ne le dis pas comme ça, j'ai pas spécialement envie de me faire virer au bout de deux jours, mais je lui fais quand même remarquer que c'est un minimum assez relativement dangereux.

     Je dois vous avouer qu'en cet instant, j'aimerais bien parler Chinois pour comprendre ce que Fey dit, ou plutôt cri, mais je suis bien heureuse de ne pas être Ginny, qui comme par miracle, se remet face à la route et cesse de gigoter après que sa mère a fini de lui témoigner son amour avec une ardeur incontestable...

L'expérience qui a fait basculer ma vie: Je ne sais pas si vous êtes au courant que les Chinois ne boivent pas forcément de l'eau en mangeant, mais la plus part du temps du thé. Personnellement, je le savais et de ce fait l’appréhendais. Certes, pas plus que l'eau chaude (je crois), mais je l'appréhendais tout de même. C'est ce soir là que j'y ai eu droit, et en fait, quand on mange très épicé, pour ne pas dire trop, ça sauve des vies...

*Cf: "Chapitre 12. Je l'ai vécu ça," Marc Labrèche (Brenda Montgomery), Le Cœur a ses raisons.