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~ Dreamy Gypsy  ~ Dreaming Gypsy ~
25 mai 2015

Article 27: "Philosophie: Hakuna Matata" *

     Me voilà donc partie, avec mes 40 à 50 kilos minimum de bagage, ma bonne humeur, et mon entrain**. Et mon MP3. Surtout, mon MP3. J'ai bien envie d'écouter la chanson préférée de tous les enfants du monde, qu'ils n'arrêtent pas de chanter en ce moment. Mais en Français, parce que "libérée, délivrée", ça colle mieux à mon ressenti que "let it go, let it go". Vous l'avez compris, c'est La Reine des Neiges. Oui, je suis pas fan que des morts et des mourants, j'aime aussi Disney. Et j'ai toujours pas honte, j'assume totalement. Je sais pas si j'ai raison, mais j'assume quand même. Mais j'enchaîne quand même avec la version Anglaise, parce qu'il y a d'autres passages qui collent bien, et qui sont mieux en VO du genre:

"Turn away and slam the door [...]

I don't care what they're going to say [...]

I'm never coming back, the past is in the past" ***

     Ma capacité à prendre les choses du bon côté en faisant du play-back mise à part**** (si le ridicule tuait, je n'aurais pas vécu jusqu'ici), vous serez soulagés d'apprendre, que malgré mon entêtement, j'ai troqué mes talons contre des tennis pour ce voyage. J'en ai peut-être pas l'air comme ça, mais il m'arrive de réfléchir parfois. Si, si, je vous assure. Pas tous les jours, hein, ça fatigue quand même... Mais ça arrive.

     Je mets un peu plus de dix minutes pour aller à l'arrêt de bus. Je n'avais jamais mis autant de temps, et pourtant je l'ai pris quelques fois. Mais je suppose que, mes bagages rendant tout déplacement un jeu d'enfants, j'ai dû marcher un peu moins vite que d'ordinaire. Croyez-moi si vous voulez, mais dix minutes, ça peut paraître extrêmement long. Je commence à sentir mon dos, et je suis loin d'être arrivée: j'ai deux bus à prendre et... un passage piétons à traverser. Ça va être marrant!

 

7

 

     Premier bus: je galère gentiment à monter avec tout mon tralala, mais je survis. La plupart des sièges sont en hauteur, seulement deux sont accessibles facilement, mais ils sont pris, alors je me dirige vers l'espace handicapé, c'est à dire la partie du bus où il y a la place de mettre ma grosse valise sans gêner. Je la case comme je peux, j'appuie mon ordinateur dessus pour me soulager, et je me mets pile devant pour bloquer le tout, toujours le sac de randonnée sur le dos. Surtout, on ne touche à rien (on ne sait pas depuis combien de temps les barres n'ont pas été lavées). On contracte les abdos et les fessiers pour ne pas tomber au démarrage, et c'est parti.

     Il y a bien un moment où les sièges sur lesquels éventuellement j'aurais pu m'assoir, tout en m'occupant de mes bagages, se libèrent, mais je reste debout. Pour vous. Oui, pour vous. Je me dis que c'est plus marrant si je galère. Vous je sais pas, mais en tous cas, à moi, ça me plaît. J'adore ça. C'est encore mieux que de se perdre, ça vous donne une raison de vivre: sortir de cette galère. Et puis ça fait des souvenirs aussi:

           - T'as fait quoi en Chine?

           - Oh, pas grand chose, j'ai lutté pour survivre...

     Et puis, plus concrètement, le temps d'enlever mon sac à dos, de le poser avec précaution, de bloquer ma valise, de me déplacer avec tout ce petit monde, et de m'assoir, je soupçonne qu'on sera arrivés à mon arrêt depuis à peu près deux jours.

     "Guangmingqiaodong!" Ok, c'est pour moi, je descends (toujours comme je peux, ne changeons pas les bonnes habitudes) et je vais à l'arrêt de bus qui se trouve à 50m pour prendre le 52. Quand il arrive, une dame m'aide gentiment à monter ma valise et un contrôleur me réceptionne et m'indique l'emplacement handicapé. C'est bien, c'est marqué sur mon visage apparemment... Il m'aide à bloquer ma valise et au bout de quatre ou cinq arrêts, il me fait signe de poser mon sac à dos. Ça à beau être plus marrant quand je galère, j'en ai encore pour un moment, et je ne désire pas ajouter une scoliose à mon bonheur, pas même pour vos beaux yeux. Et je suppose que je gêne un peu, alors je m'exécute. Je ne m'assois que quelques minutes, entre deux arrêts et cède mon siège à un homme qui n'a l'air que relativement en forme. Le reste du temps, je ne touche à rien, et je contracte mon corps musclé afin de tenir debout malgré la conduite pour le moins singulière du chauffeur. Une demi heure plus tard, je descends à "Muxididong!" J'attends que le feu piétons passe au vert et je regarde de tous les côtés alors que je traverse, craignant pour ma vie.

     Ça y est, je suis arrivée à l'agence. Ça fait maintenant sept heures heures qu'Alex m'a installée dans un bureau où j'attends. J'attends. J'attends. Je ne sais pas ce que j'attends, mais j'attends. Apparemment ce soir je dors chez le directeur de l'agence, après on verra... Mais grâce à Dieu (surtout à mes parents et à Bill Gates, en fait) j'ai mon clavier, ce qui m'a permis de passer ces quelques heures en votre compagnie.

Le petit mot de la faim: N'empêche que j'ai vachement intuité quand je suis allée acheter des pommes ce week-end, parce qu'il est 18h et qu'il n'y a pas grand monde qui semble se préoccuper de mon triste sort... Ils attendent peut être que je meure? Ce serait la solution au problème quand on y pense. Parce que concrètement, une au pair sans famille d'accueil, c'est quoi?



* "Ça veut dire pas de soucis!", Le Roi Lion.

** Cf: Ashley Rockwell (Anne Dorval), Le Cœur a ses Raisons.

*** "[Je m'en vais] et claque la porte, […] je me moque de ce qu'ils diront, […] je ne reviendrais pas, le passé est passé." Idina Menzel, Let it go, Frozen.

**** Et Dieu sait que si je pouvais avoir de la glace qui me sort des mains, je m'en porterais pas plus mal, parce qu'on meurt de chaud dans ce pays... Je sais pas si c'est apaisant ou alarmant de savoir qu'il y en a encore qui vivent dans un dessin animé à 22 ans... Avec des princesses, des papillons et des éléphants roses qui parlent... et qui chantent des airs d'opéra en faisant des sauts de biche... Ça, c'est à vous de me le dire.



<PS>  Spéciale dédicace à Aurélie, Léa, Ma Future Coloc', et à tous ceux qui ont été bercés par les films Disney pendant leur enfance. En gros, à beaucoup de monde, mais pas à toi Kyra Pachenka Takina Holloman Ramsland, désolée. T'avais qu'à être cultivée...

 

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