Article 26: Ce soir, je dors dehors

     Ça y est, c'est le matin. Jeudi 21 Mai 2015. Je suis prête pour le grand départ. Je dis au revoir à Ginny, qui part pour l'école, et Fey me dit d'attendre qu'elle soit revenue avant de partir. À son retour, elle me demande quand je comptes m'en aller. Ne t'en fais pas ma grande, maintenant, ça me va très bien, je n'ai pas besoin d'attendre, je n'ai jamais été aussi prête. Et là, elle demande à inspecter mes bagages. Je suis sidérée. Elle est sérieuse? Oui, bien sûr espèce de B!!!!!!!P, c'est pas comme si j'avais passé trois heures hier soir à essayer de tout caser bien comme il faut dans ma valise et surtout dans mon sac à dos de rando. Est-ce que tu es consciente qu'il n'y a pas pire à faire et défaire qu'un sac à dos d'au moins 10l qui n'a qu'une seule ouverture en haut? Bien sûr que non, ça te passe au dessus ça!

     Nous voilà parties, on ouvre ma valise, on met bien le bazar, et quand on a la preuve incontestable que je ne suis pas une voleuse, on s'attaque au sac maudit. Donc voilà, ça c'est des pommes et du café. Je suis allée faire les courses, Ô gentille B!!!!!!!P  *, puisque tu refusais de m'en acheter. Et si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à vérifier la vidéo de surveillance. Et tout ça, avec le sourire, bien sûr, ne partons pas en mauvais termes, et sans parler de ça je ne suis pas persuadée qu'une femme comme elle vaille la peine qu'on s'énerve ou qu'on verse des larmes, en revanche de l'encre, on peut: ça fait du bien, ça défoule.

     Après que j'ai rangé toutes mes affaires, une seconde fois, devant ma chère hôtesse, elle semble soudain s'intéresser à mon sort: "Comment tu vas à l'agence?" En bus, idiote! Comment tu veux que j'y aille? À pieds? "Ça fait loin, et c'est quand même pas pratique..." "À moins que vous ne m'accompagniez, je n'ai pas vraiment le choix..." "Oh, mais je ne peux pas, j'ai quelque chose de prévu cet après-midi..." Il est 9h du matin, tu te moques de qui exactement? Ça te tuerait d'être franche avec moi au moins une fois? C'est ta dernière chance je te signale. "...et l'agence m'a dit que j'étais pas obligé de t'accompagner." Ben voilà! Ça, ça se rapproche plus de la vérité! T'as juste oublié le passage qui dit que t'as tout simplement pas envie. L'agence t'as dit que t'étais pas obligée. La belle affaire! Et à tout hasard, tu n'aurais pas une conscience? Et elle te dit quoi ta conscience? Elle te dit pas qu'éventuellement tu pourrais amener cette jeune fille seule, loin de tout ce qu'elle connaît, qui ne parle pas la langue du pays dans lequel TU l'as faite venir, que tu as si lâchement mise à la porte, avec qui tu as vécu un mois, et qui croule sous le poids de trois sac, jusqu'à l'agence? Il te faut une heure et demie, maximum deux heures aller-retour, alors que si elle y va seule, elle en a pour minimum une heure et demi, elle est plus chargée qu'un mulet et elle doit marcher jusqu'à l'arrêt, monter dans le bus (comme tu habites ici, tu sais que la marche est haute et que les places assises sont rares), changer de bus, et marcher jusqu'à l'agence. Mais apparemment, toi, tu vis sur ton nuage; et ta conscience, elle est profondément inexistante. Ben écoute, reste là où tu es, et surtout arrête de te chercher des excuses quand on sait pertinemment qu'elles n'ont pas la moindre valeur. Tant qu'on y est, arrête de parler tout court. Par pitié. Je vais avoir quelques difficultés à garder mon calme sinon.

     Mais c'est quoi ton délire? Soit dit en passant, je suis une occidentale stressée qui n'a pas versé une larme depuis un certain temps, et je n'ai pas fait de yoga depuis deux semaines parce que tu ne m'en a pas laissé le temps (dès que j'avais un semblant de quelque chose qui aurait pu éventuellement s'apparenter à du temps libre, tu me mettais au charbon). Je te rappelles aussi que tu m'as fait passer une journée abominable hier et que je n'ai pas beaucoup dormi parce que je faisais... ma valise. Et là, sûrement guidée par ton inestimable courtoisie, tu continues ton harcèlement moral jusqu'au bout. Entre nous, je crois que tu vas pas tarder à "dépasser les bornes des limites, Maurice" ** et quand je suis dans cet état, je peux très facilement partir au quart de tour, alors si t'as pas envie de manger le mur, tu vas te calmer illico, sinon je te refais la tapisserie...

Mon p'tit commentaire à moi qui me fait plaisir:*** On en parlait tout à l'heure, les larmes sont inutiles; mais l'encre... qu'est-ce que ça fait du bien! Je suis, désolée, mais la violence à l'écrit, c'est tellement plus classe que dans les actes... Classe peut être pas, mais j'ai pas pu résister, j'en avais trop besoin. Chers lecteurs, merci d'avoir été là, ça va beaucoup mieux maintenant. Vous êtes super sympa, vraiment, et moins chers qu'un psy, ça on peut pas vous l'enlever...

*Oui, ça fait beaucoup de B!!!!!!!P pour une seule personne, mais y'a des jours où j'ai envie d'être vulgaire, désolée.

** Publicité Nestlé du temps où les pubs étaient encore bien.

***J'adore vous mettre des trucs inutiles dans les articles, ça fait passer le temps, c'est mignon.

<PS>  Je devrais pas parler comme ça, excusez moi. En fait, je devrais la remercier. Je me demandais sur quoi j'allais bien pouvoir écrire et elle m'a donné un excellent sujet à traiter:

L' HospitalitéChinoise.