Article 19: "J'évolue en solitaire, je vagabonde." *

  Vendredi 1er Mai. Cela fait déjà deux semaines que je suis à Pékin. Mais c'est surtout l'anniversaire de Catherine Frot, je vous ai donc fait un petit édit pour l'occasion. Je sais, vous n'en avez toujours rien à faire, mais moi si, je vous avais prévenus. Et vous n'êtes pas au bout de vos peines, parce qu'au mois de Mai, il y a quelques dates importantes.

  Aujourd'hui, c'est les vacances, alors je fais la grasse matinée: je me lève à 8h moins le quart. Petit déjeuner, je me refais les ongles**, je m'habille, après une dizaine de tentatives, j'abandonne l'idée de mettre mes lentilles, j’attrape mon sac à main, je chausse mes tennis, je mets mes écouteurs, mon masque de survie, mes lunettes de soleil, et je pars faire mes courses à Carrefour.

  C'est pas très loin, j'en ai pour un peu moins d'une demi heure à pieds. Comme la galerie marchande a été conçue par Dédale, je me perds deux ou trois fois avant de réaliser qu'il y a de grands panneaux rouges suspendus au plafond qui indiquent "Entrance". Je ne vous ferai pas l'affront de le traduire dans la mesure où il me semble que, même en ne parlant pas Anglais, on peut le comprendre. Sauf moi apparemment, et en sachant que je parle Anglais, c'est d'autant plus grave... Mais peu importe, si je n'étais pas aveugle, on s’ennuierait. Donc évidemment, j'ai beau suivre le panneau, je me trompe quand même et je fais un petit tour gratuit d'une boutique de la galerie avant d'aller dans le magasin d'à côté.

  C'est bien Carrefour, c'est pratique, y'a des produits qui sont en version bilingue Chinois/Français. Et après y'a les produits avec l’étiquette en Chinois collée par dessus l'étiquette en Français. Si ça, c'est pas du racisme! Même chez Carrefour t'as pas le droit d'être francophone... Bref, passons. Bien sûr, je ne suis pas venue sans raison, j'ai un besoin urgent de café, ou plutôt de café instantané... encore... Pourquoi j'ai cette impression étrange qu'il n'y a que les Français qui boivent du café? Le jour où je m'installe, si vous voulez me faire plaisir, offrez-moi une cafetière...

  Je rajoute deux trois petites choses dans ma poche: du lait "Origine France", des yaourts, des pommes... Oups... Elle l'a pas supporté. Ma poche s'est fendue dans le sens de la largeur. Mais bien fendue. Disons suffisamment pour qu'il demeure impossible de la tenir par la poignée. Eh bien tant pis, on va le faire à l'américaine, je la prends par en dessous en la gardant fermée comme je peux, et je passe en caisse, parce que la place est très limitée maintenant (ça a diminué de moitié) et qu'il faut rentrer à la maison à pieds avec le sac dans les bras. Heureusement que les Chinois sont pas bavards, parce que ça ne serait pas très utile qu'on tape la discute avec la caissière, mais je suppose qu'elle pourrait survivre à "Bonjour"...?

  Et comme dans mon malheur, j'ai de la chance (pas toujours, mais ça arrive) y'a un très gentil Monsieur qui distribue des sacs une rue plus loin. Jaunes avec le nom d'une boutique quelconque écrit en rouge, histoire de faire un peu de pub. Il pouvait pas mieux tomber, ça commençait à être compliqué.

  Arrivée à la maison, je range tout ça, je me mets aux fourneaux, et comme j'aime pas manger toute seule, j'allume mon ordinateur. Tiens! Au hasard... Downton Abbey, pour changer un peu, je commence à être en manque. Ça fait longtemps: environ quatre heures et des poussières, le dernier c'était ce matin au petit déjeuner... C'est pas tout, mais il faut que j'y aille, la vaisselle va pas se faire toute seule, et au bout d'un moment, si on veut pouvoir utiliser des couverts et des assiettes, y'a plus trop le choix.

*Catherine Frot, Paris Match (2616). - Non, 2616, c'est pas l'année.

**Oui, parce que je les ai faits hier mais dans un élan de stress intense, je me suis enlevé l'intégralité du verni, hier soir, en le grattant. Je les ai pas rongés, c'est déjà ça...

"Tu trouves pas ça bizarre que j'écrive à un écrivain?" Catherine Frot, Odette Toulemonde.